Escapades littéraires 2020
On 19 février 2021 by MarieEn ces temps troublés du Corona, en cette année horribilis ou plus prosaïquement en cette année « pourrie » qu’à été 2020 et qui marquera certainement nos mémoires à tout jamais, ma famille et moi-même avons eu l’opportunité de voyager dans l’espace et dans le temps. Oh je vous entends déjà… ne paniquez pas, tous les gestes barrières et consignes gouvernementales ont été scrupuleusement respectés. Et pourtant nous en avons vu des choses, nous en avons exploré des contrées lointaines. Mais c’était du confort de notre propre maison confinée que nous avons voyagé grâce au monde magique des livres.
La chance a voulu que nos ainés étaient arrivés à cet âge charmant où l’on peut lire des livres plus longs, vous savez ceux qui ont des chapitres et où l’on ne doit pas relire incessamment la même phrase tous les soirs. Oh bien sûr cela faisait déjà quelques temps que nous leur lisions par moments des petits romans, comme La Cabane Magique ou autres. Mais cette année, l’aventure a pris de l’ampleur, le confinement aidant. Nous nous sommes trouvés transportés plus loin que nous ne l’imaginions. L’angoisse des chiffres Covid relayés par la presse a laissé place à d’autres préoccupations qui ont retenu toute notre attention et curiosité.
La lecture à haute voix a toujours fait partie intégrante de notre vie de famille. Même avant que nous ayons des enfants, il nous est arrivé de nous lire des romans, des livres. L’un lisait, l’autre cuisinait, en alternant. Si nous avons souvent eu de mal à nous mettre d’accord sur un film à visionner, nous arrivons plus rapidement à un consensus lorsqu’il s’agit de livres. Un moment de lecture partagé, un moment de plaisir commun et qui continue bien après que le livre soit refermé dans les discussions qui s’ensuivent.
Comme un roman de Daniel Pennac a probablement eu un rôle à jouer dans notre envie de lire ensemble et de lire aux enfants, même maintenant alors qu’ils sont capables de lire par eux-mêmes (et ils ne s’en privent pas, mais pour d’autres types de textes).
Et cette année, nous avons plus encore qu’auparavant ouvert des livres qui nous intéressaient nous aussi les adultes de la famille, des livres qui ont su captiver l’imagination de chaque membre de la famille.
Cela a commencé pour moi et ma fille lorsque nous nous sommes retrouvées embarquées dans un chariot quittant les bois de l’Est pour les plaines de l’Ouest américain à la fin du 19ème siècle. Nous avons suivi les aventures de Laura et de sa famille, débarquant en territoire indien et construisant leur maison de rondins de leurs propres mains. Nous avons tremblé en entendant les loups, en voyant la famille entière malade du choléra, presque seuls dans cette contrée, ou encore quand les indiens ont entonné leurs cris de guerre. Nous les avons suivi quand ils ont quitté cette maison de rondins pour d’autres maisons, d’autres aventures à travers les plaines, toujours en quête de liberté, malgré les nombreux dangers et obstacles sur leur route. Alors que la canicule nous accablait, nous avions froid pour la famille Ingalls isolée par les blizzards dans une petite maison au coeur d’une ville naissante.
Confinés malgré eux, souffrant de la faim et du froid, dans un hiver sans fin ; eux aussi étaient isolés de leurs proches, de leurs familles, de leurs amis.
Des mois pouvaient s’écouler avant que des nouvelles n’arrivent. L’instruction à l’école dépendait de leur lieu de vie, des conditions météo et de tant d’autre chose que nous n’acceptons plus maintenant. Une autre vie, une autre époque, une autre mentalité aussi. L’occasion de discuter de la perception des colons et des indiens dans ces romans. Mais notre aventure ne s’est pas arrêtée à la seule lecture des 8 (!) tomes de La Petite Maison dans la Prairie. Cela nous a donné des idées : coudre un tapis tressé à partir de vieux tee-shirts, faire du levain (et du pain au levain), se déguiser et rejouer les histoires, et même profiter d’une balade en chariot tiré par des chevaux de traits. Les frères aussi ont écouté, se sont indignés de la cécité de Marie et demandé des nouvelles des personnages alors que nous progressions dans nos lectures. La famille Ingalls s’est invitée chez nous en cette année 2020.
Mais toute bonne chose a une fin et nous sommes, contre toute attente, arrivés à la fin de la série. Plus rien. Le vide.
Que lire maintenant ? Voici une petite sélection des lieux et mondes que nous avons visité :
- Le monde magique, surréaliste et inventif de Roald Dahl où des enfants trouvent en eux des ressources incroyables et surtout très drôles pour venir à bout de situations compliquées. Le dernier en date était le livre succulent et hilarant La potion magique de George Bouillon. Mais je conseille aussi très fortement Les deux gredins, Mathilda et Charlie et la chocolaterie.
- Nous nous sommes trouvés en proie à l’angoisse dans les landes brumeuses du Devon où la légende du chien des Baskerville nous a fait frémir. Une introduction au roman policier un peu (trop?) effrayante et peut-être trop « adulte » dans le vocabulaire et les thèmes abordés pour nos enfants. Mais en démystifiant et surtout en lisant cela en pleine journée, plutôt que juste avant d’aller dormir, les enfants ont quand même pu suivre l’histoire et être fasciné par les talents déductifs de Sherlock Holmes, accompagné du dr. Watson. Ils demandent d’ailleurs de lire une autre histoire de Sherlock Holmes, plus courte cette fois-ci. Elémentaire, mon cher Watson !
- Même époque, autre lande, du Yorkshire cette fois-ci. Une atmosphère complètement différente. Nous y avons suivi Mary Lennox, orpheline de 10 ans, venant des Indes pour habiter dans ce Yorkshire lointain avec un oncle absent, solitaire et déprimé. Petit à petit, cet enfant bourrue et gâtée va découvrir la beauté de la nature qui l’environne, percer le secret de pleurs lointains dans le manoir ainsi que celui d’un jardin enfoui qu’elle fera renaitre. Le jardin secret de France Hodgson Burnett est une ode à la nature et à la force régénératrice que celle-ci peut avoir sur nous. Une histoire pour nos temps troublés, comme le fait remarquer Aida Edemarian dans son article « Solitude, sunshine and sanctuary in the Secret Garden » (The Guardian, 5 nov 2020). Une histoire qui nous a invité à regarder la beauté de la nature qui nous environne. Un chouette moment passé ensemble à imaginer le printemps alors que l’hiver s’installe.
- Nous nous sommes également envolés pour l’Amazonie à la suite de 4 enfants survivants du crash de leur avion. Alors qu’ils apprennent à se connaître et tentent de survivre par eux-même dans un endroit aussi vaste et hostile, ils commencent à se demander si quelqu’un ne les a pas précédés. Une histoire où ces enfants, Lila, Max, Connie et Fred, doivent utiliser leur imagination, leurs connaissances partielles et toutes leurs ressources pour s’en sortir. Mais surtout, ils doivent oser prendre des risques. Avec une fibre écologique et postcoloniale, ce livre propose une véritable aventure tout à fait adaptée aux enfants (et très chouette à lire pour les adultes) qui donne envie d’en savoir plus sur l’Amazonie. Je n’en dirai pas plus, mais l’oeuvre de Katherine Rundell ne m’a pas encore déçue et L’explorateur est certainement une perle de la littérature jeunesse du moment !
- Si le printemps et l’été ont été monopolisés par la famille Ingalls, l’automne 2020 a été marqué par la découverte par les enfants du monde des sorciers de Harry Potter. Pas très chaud au début, ils sont vite rentrés dans cet univers qu’ils ont adapté à toutes les sauces (sortilèges, formules magiques et matchs de Quidditch faisant maintenant partie intégrante de notre vie familiale). La question a vite été pour nous de savoir jusqu’où lire la saga, sachant qu’à partir du tome 4, elle prend un tournant plus sombre. Au début, l’idée n’était que de lire le premier tome, mais nous sommes arrivés plus vite que prévu aux suivants. Cela a été l’occasion de nombreuses discussions sur le contenu des livres, sur les apparences qui peuvent être trompeuses, sur les choix que l’on pose, sur le mal et sur le bien. Nous progressons toujours dans les romans (avec des pauses bien méritées pour les parents entre les tomes), plus loin que nous ne l’imaginions au début. Le fait de lire avec les enfants permet aussi de les accompagner dans les passages peut-être plus tristes ou éprouvants.
L’avantage des livres sur les films qui imposent des images.
Et c’est avec Harry Potter que se termine ce petit tour d’horizon de la plupart des voyages littéraires que nous avons entamé cette année. Nous nous sommes donc embarqués dans l’univers magique et surprenant des livres et nous ne sommes pas prêts de nous arrêter, je pense.
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