Une visite impromptue

Hier, une vieille connaissance à moi a eu l’obligeance de me rendre visite. Je suis un peu confuse de vous l’avouer, mais au début j’ai eu du mal à le reconnaître. Pourtant nous avons été très proches lui et moi à un certain moment. J’avais pris mes distances, il avait bien fallu, mais de là à l’oublier.

Bref, hier il est revenu. Entre vous et moi, j’espère que sa visite sera la plus brève possible…

Il m’a prise par surprise, a bloqué ma respiration qui est devenue plus brève, plus superficielle. Mes muscles se sont contractés sous sa présence, il a serré ma tête comme dans un étau et a fait réapparaitre cette petite boule oubliée au creux de mon ventre. C’est vous dire l’effet qu’il me fait !

Quand il me prend comme ça, il m’empêche de mettre les choses en perspective. Ma tête me rappelle que la situation n’est pas désespérée, mais mon corps entier la contredit. 

Que faire face à cet implacable M. Stress, imperturbable dans son haut de forme au regard scrutateur qui reconnaît mes moindres faiblesses ? Quelle porte ai-je laissé ouverte pour le laisser s’immiscer ainsi dans mon quotidien ?

C’est vrai, cette année écoulée m’a régulièrement poussée dans mes retranchements. Pas de façon spectaculaire et avec beaucoup de chance et privilèges. Mais au fur et à mesure, la porte s’est entrouverte un peu plus, les courants d’air sont devenus plus nombreux et dérangeants. Moins de solitude, plus de bruit, des incertitudes et des informations contradictoires. Il n’en fallait pas plus.

Mais revenons-en à mon visiteur du jour. J’ai été bien éduquée. Je ne peux pas juste le mettre à la porte d’un coup. Ceci dit, je lui ai dit qu’il ne pouvait pas rester plus de temps que nécessaire. Je me suis concentrée tant bien que mal sur ce que j’apprécie. J’ai créé avec mes mains, j’ai apprécié ce qui était beau autour de moi, j’ai essayé de respirer profondément. Et puis je me suis rappelée qu’il y a des choses que je ne peux pas maitriser. 

Alors M. Stress, merci de votre visite, merci de m’avoir rappelée que oui, même si ‘tout va bien’, la situation sanitaire prolongée joue sur ma façon d’être, d’interagir. Oui, je ne maitrise pas grand-chose et mes plannings, projets et autres peuvent voler en éclat face à une quarantaine prolongée et des incertitudes face à celle-ci. Je retiens… et j’en prends bonne note.

Mais s.v.p., M. Stress, partez et laissez-moi tranquille maintenant ! Après tout, notre quarantaine familiale n’est pas encore finie et sérieusement, vous ne faites pas partie de notre bulle sociale !

1 comment