Pâques : Il est ressuscité, il est vraiment ressuscité
On 17 avril 2022 by MariePâques : nous y voici enfin. De toute part, les cris de joie résonnent : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Quoi ? Est-ce possible ?
Les réactions des premiers témoins dans les évangiles montrent à quel point cela est difficilement imaginable.
Selon Marc, les femmes sont tellement effrayées qu’elles ne disent rien. Pour Luc, les femmes l’annoncent mais les disciples ne les croient pas. Comment est-ce possible ? Il était sur la croix. On l’a vu mourir. On l’a vu placé dans le tombeau. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? On ne peut pas trop en vouloir aux disciples de se montrer dubitatifs. Ils sont encore sous le choc de la mort et les voici confrontés à un nouveau choc. A l’opposé, ne sommes-nous pas parfois trop peu sous le choc, face à une version édulcorée de ces textes que nous pensons connaitre. Après plus de 2000 ans que l’on nous en parle, que pourrait-on y découvrir de nouveau ?
Et pourtant ce cri retentit en ce matin de Pâques : il est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Cette joie de Pâques qui suit l’incompréhension et les larmes des derniers jours est une joie effrayante, une joie qui bouscule, qui renverse tous mes aprioris. Comme les femmes devant le tombeau vide, je me demande ce que cela peut bien vouloir dire. Sans la Parole annoncée par les messagers vêtus d’habits étincelants (Luc 24 :4), comment interpréter ces évènements ? Il y a de ces moments où tout semble brouillé, si peu clair. Il nous faut alors entendre cette voix autre, cette voix qui résonne et qui rappelle pour donner sens : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous disait quand il était encore en Galilée » (Luc 24 :5-6). Oui, le Christ l’avait annoncé. Oui, il avait préparé ses disciples. Mais entre les attentes des uns, la communication des autres et la réalité, nous sommes parfois perdus. Christ l’avait annoncé, mais ce n’est qu’à la lumière de sa mort et de sa résurrection que ce scandale de la croix commence à faire sens chez les premiers témoins.
Comme la graine doit tomber en terre pour devenir plante, comme la chenille doit être annihilée dans le cocon pour pouvoir devenir papillon, comme les pleurs et les cris de l’enfantement donnent lieu à la joie de la naissance, le Christ consent à cette mort, séparé de son Père, pour pouvoir donner la Vie, la vraie Vie. On a beau connaître ce lien intime entre la mort et la vie, il n’en est pas moins difficile à accepter, à y consentir à la suite du Christ. Malgré cela, cette proclamation résonne en ce matin : il est ressuscité, il est vraiment ressuscité.
A la lecture du récit de la résurrection chez Luc, un petit mot au verset 12 a surgi devant moi : « cependant ». Les disciples ne veulent pas croire les femmes qui viennent témoigner, trouvant leurs propos absurdes. Le texte nous dit que « Pierre, cependant, partit et courut au tombeau. » (Luc 24 :12). Qu’est-ce qui a poussé Pierre à entendre ces femmes et à courir vers le tombeau ? Arrivé là-bas, il est surpris mais n’a pas l’air de comprendre plus. Ce petit ‘cependant’ me semble montrer le début d’un changement en Pierre. Est-ce que contre toute probabilité, une lueur d’espoir vient ranimer son désespoir, son amertume, sa honte d’avoir renié Jésus quelques jours auparavant ? Oh si seulement… N’avait-il pas dit ? Non ce n’est pas possible. Oh si seulement… Que vit Pierre ? Que comprend Pierre ce matin-là ?
De ce temps de Carême et de Pâques, je voudrais retenir et approfondir deux choses : le lâcher prise et l’espérance. Comme les disciples, comme les femmes devant le tombeau vide, je ne peux contrôler ce qui arrive, mais je peux y consentir avec foi. Je ne peux que m’en remettre avec confiance à Dieu, m’en remettre à Christ.
Si surprenante soit-elle, la mort sur la croix et la résurrection est le chemin de vie voulu par Dieu. Jésus l’avait annoncé à ses disciples. Ils n’ont pas compris avant que cela n’arrive. Comment puis-je avoir l’illusion que je peux moi comprendre les chemins de Dieu ? Mais je veux avancer avec foi, confiante que « même [si] la pluie cache les étoiles et que la brume de l’automne cache les collines, [même si] une série d’évènements me cache la radiance de [Son] visage »1, il est là.
Du creux de la fatigue, du plus profond des luttes quotidiennes, je veux redécouvrir toute l’espérance que le Christ ressuscité nous donne. Cette espérance qui dépasse mon quotidien, cette espérance qui nous donne une vue plus haute et plus grande de l’amour de Dieu. Cette espérance qui m’apprends à vivre le temps donné avec confiance et patience. Cette espérance qui me donne force pour affronter les hauts et les bas de ma vie, car au loin, en son temps, je sais que « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance. » (Ap 21 :4).
Alors ce matin, moi aussi je veux le proclamer : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Texte écrit en 2019 et basé sur Luc 24 :1-12. Ecrit en lien avec l’album MaCaLu de Pâques que nous avions préparé en communauté. Les illustrations de Cathy Van Acker proviennent de cet album.
- Alistair Maclean, « Méditation », dans Office Quotidien et Méditations de Northumbria Community, p.23.
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