Un fin négociateur
On 18 décembre 2024 by MariePuis il dit au racheteur : « Noémi, celle qui est revenue de la campagne de Moab, vend une parcelle de terre qui était à notre frère Élimélek. Et moi j’ai dit que je te mettrais au courant en disant : ‘Acquiers, en présence des habitants et en présence des anciens de mon peuple.’ Si tu veux racheter, rachète. Mais si tu ne veux pas racheter, indique-le-moi donc, que je le sache ; car nul excepté toi ne peut racheter ; moi, je suis après toi. » Il dit : « Moi, je veux racheter. » Alors Booz dit : « Le jour où tu acquiers le champ de la main de Noémi, tu acquiers aussi Ruth la Moabite, la femme du défunt pour relever le nom du défunt sur son patrimoine. » Alors le racheteur dit : « Je ne peux pas racheter pour moi, sinon je ruinerais mon patrimoine. Toi rachète pour toi mon droit de rachat, puisque je ne peux pas racheter. »
Ruth 4. 3-6 (TOB)
La vieille dame reprend son récit :
« Force-en-Lui prend une profonde respiration et commence à parler.
– « Un-Tel, si j’ai demandé à te voir c’est pour te parler de notre proche parente. Tu sais bien que Ma-Gracieuse est revenue du pays de Moab. L’hiver approche et elle a décidé de mettre en vente le champ qui appartenait à Mon-Dieu-est-Roi. Je veux ‘découvrir tes oreilles’ pour t’informer et te dire : Fais-en l’acquisition, devant les anciens et les autres personnes qui siègent ici. Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le, sinon déclare-le-moi et que je le sache, car c’est à moi que ce droit revient tout de suite après toi. » (NFC adapté)
Un-Tel l’écoute attentivement. Il voit bien de quel champ Force-en-Lui parle. Il n’est pas si loin du sien et cela l’arrangerait bien. Alors, il répond :
– « Je veux bien racheter le champ. »
Et tout heureux de cette aubaine si tôt le matin, il se tourne vers les anciens quand il entend Force-en-Lui reprendre. Il y avait un ajout qu’il n’avait pas perçu… Force-en-Lui agit en fin connaisseur…
– « Le jour où tu acquiers le champ à Ma-Gracieuse, tu devras en même temps acquérir pour femme Amie, tu sais, la Moabite [Il insiste bien sur l’identité d’Amie, au cas où Un-Tel l’aurait oublié…], la femme de celui qui est mort, afin de perpétuer le nom du mari décédé sur son héritage. »
Un-Tel reste un instant comme figé. Les évènements prennent une toute autre tournure et une autre signification… si tôt le matin ! Il est déjà marié et s’il épouse Amie, son héritage sera divisé et son nom à lui sera effacé au profit de ce parent défunt. De cette famille que l’on voulait oublier, partie quand les jours étaient durs. La veuve est Moabite, de surplus. C’est bien plus qu’acquérir un simple champ pour le garder dans la famille qui lui est demandé. Perpétuer le nom des morts. Techniquement, il ne peut être question de lévirat, cette coutume qui consiste pour un homme d’épouser la veuve de son frère ; ni lui, ni Force-en-Lui ne sont les beaux-frères d’Amie. Mais l’esprit de la loi est bien là et il reconnaît la justesse des propos de Force-en-Lui. On ne peut laisser Amie et Ma-Gracieuse sans secours. »
– Mais Mamy, il le fait quand même… ce n’est pas très sympa de sa part. Il pourrait quand même les aider, non ?
« Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Est-ce que tu te souviens de Nuque au début de l’histoire ? L’autre belle-fille de Ma-Gracieuse qui est finalement repartie dans la maison de sa mère à la requête de sa belle-mère ? Tout comme Nuque est rentrée chez elle après avoir fait un bout de chemin en compagnie de Ma-Gracieuse et Amie, Un-Tel s’arrête et rebrousse chemin. Il est honnête mais il ne peut en tout état de cause aller plus loin. Ses propres biens, son héritage seraient mis en danger. Nuque et Un-Tel agissent de façon somme toute attendue et ils respectent la loi. Ils n’ont rien à se reprocher. Disons plutôt que les actions hors-normes d’Amie et de Force-en-Lui les font apparaître comme fades.
Un peu estomaqué, Un-Tel reprend la parole :
– « Je ne peux racheter, de peur de ruiner mon héritage. Mais toi, exerce donc ton droit de rachat, car je ne peux pas vraiment l’exercer moi-même. »
Pas une miette de leurs échanges n’échappe aux anciens. Un peu comme hier lors du mariage de Tatie C…. Les discussions sont formelles et tant de choses sont en jeu. Entre ce qui est dit et ce qui est perçu, les hommes écoutent attentivement. Ils apprécient la finesse des échanges.
À suivre…
Merci, Marie , pour avoir repris le cours de l’histoire de Ruth et Naomi et de donner tous ces détails de la loi lors de la négociation. Bravo !