L’été à nos portes, lectures jeunesse à conseiller
On 6 juillet 2023 by MariePour ce dernier article avant les vacances d’été, je vous propose de découvrir deux livres Jeunesse apprécié ces dernières semaines et qui donnent envie de s’évader et de profiter d’un bel été.
Eloge du quotidien et de la lenteur : Le plus bel été du monde de Delphine Perret
Pour commencer, voici un album qui nous rappelle que les choses simples forment les beaux étés, que l’émerveillement est à notre disposition là où nous sommes dans le quotidien qui nous entoure. Le plus bel été du monde de Delphine Perret est un album de qualité que l’on savoure. Le scénario tient en une ligne : un enfant et sa maman quittent la ville pour rejoindre la maison de campagne familiale où ils passeront plusieurs semaines, tantôt seuls, tantôt en compagnie. Mais les illustrations de Delphine Perrot révèlent la richesse de ces moments un peu à part, même et surtout les plus simples.
L’auteur-illustratrice utilise deux techniques qui se combinent très bien pour le propos de son livre. D’une part, il y a les aquarelles. Ce sont alors des paysages aux couleurs intenses qui prennent toute la place et invitent le lecteur à entrer dans la scène avec l’enfant et sa maman. Mais ce sont également des petites scènes du quotidien évoquées par petites touches (la frustration et les joies de l’apprentissage de lacer ses chaussures, les restes d’un repas…). Le lecteur y retrouve les personnages seuls ou entre eux. Il y a dans ces aquarelles tantôt une intensité, tantôt une suggestion faites par le travail des couleurs, le jeu avec l’eau et avec le blanc de la page. Ces aquarelles dégagent une présence qui donne envie de s’attarder, de regarder plus en détail chaque page ; c’est une invitation à ralentir le temps d’un été.
D’autre part, Delphine Perrot alterne les aquarelles avec des illustrations au feutre, en noir et blanc. Cette alternance accentue l’impression de détails et invite à davantage prendre le temps d’observer. Un gant disparu qui réapparait quelques pages plus loin dans un tiroir rempli de bric et de broc ; les fourmis qui avancent lentement sur la feuille ; les différents insectes qu’on découvre ; la casquette abandonnée encore et encore au milieu des jeux ou des champs et que l’enfant peine à retrouver (d’ailleurs la couleur du texte change quand il est question de la casquette perdue) ; le grenier rempli de souvenirs et objets qui suscitent l’imagination du garçonnet ; les collections multiples d’un long été…
Au travers de ces illustrations se tisse la complicité entre mère et fils, les souvenirs, l’histoire qui se répète, la transmission, le partage, les amitiés. Toutes ces petites choses qui peuplent un été et qui en font le plus bel été du monde.
Cet album d’environ 120 pages est imprimé sur du papier de qualité avec une belle reliure. La mise en page est bien pensée et met en valeur les illustrations. A première lecture, je trouvais la typographie du texte parfois un peu grosse et neutre. Après réflexion, je trouve que cela met en évidence l’idée du quotidien qui peut être sublimé par notre regard. De même les textes me semblaient parfois décousus, voire superflus. Là encore, je pense qu’il y a une volonté de lenteur, de se poser. Ce n’est une histoire haletante qui nous fait tourner les pages rapidement. C’est un album qui se déguste, qui s’observe. Un livre qui m’a donné envie de ressortir mes crayons et mes pinceaux pour imiter certaines illustrations, pour mieux comprendre les techniques utilisées. Je me suis surtout amusée à dessiner des fourmis sur une page.
Imprimé chez Les fourmis rouges en 2021, Le plus bel été du monde de Delphine Perrot a été lauréat du prix Sorcières 2022 dans la catégorie « Carrément Maxi Beau ».
Un polar haletant, un texte engagé : Jefferson de Jean-Claude Mourlevat
Dans un tout autre registre, je vous présente un deuxième livre qui, lui, risque de vous faire tourner les pages à toute allure.
Lors de la Foire du Livre de Bruxelles 2023, j’ai assisté à la dernière journée professionnelle du cycle « Lire et Faire Lire ». Cette année, la journée était consacrée à la lecture chez les ados. Lors de cette journée, l’auteur Jean-Claude Mourlevat était l’un des invités. J’avais déjà lu l’un ou l’autre de ses livres et son nom ne m’était pas inconnu. Son intervention et sa manière de présenter son œuvre et son travail m’ont donné envie de découvrir davantage cet auteur.
En famille, nous avons depuis eu l’occasion de lire deux-trois livres de Jean-Claude Mourlevat, dont La triple vengeance de M. Poutifard (un instituteur jeune retraité qui entend se venger de ce que les élèves lui ont fait subir au cours de sa carrière) et L’enfant océan (une réécriture polyphonique et moderne du conte du Petit Poucet). L’écriture de Mourlevat est drôle, précise et enchanteresse. Aujourd’hui, je voudrais attirer votre attention sur Jefferson, un roman dont le héros est un jeune hérisson qui va chez le coiffeur. Lors de la Foire du Livre de Bruxelles, Mourlevat expliquait que ce personnage avait été inventé avec son frère quand ils étaient enfants et qu’ils se racontaient des histoires le soir avant de dormir. Des années plus tard, ce personnage lui est revenu à l’esprit et Jefferson est né. Le personnage est resté, l’histoire a à nouveau été inventée…
Le hérisson Jefferson est donc un héros de 72 cm qui décide par un matin d’automne d’aller chez le coiffeur pour se faire rafraîchir la houppette. Sa vie tranquille et paisible est sur le point de basculer alors qu’il se trouve subitement accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Avec son ami Gilbert le cochon, il va partir au pays des humains tenter de retrouver le coupable. Suivra une aventure hors du commun et par moment inattendue.
Ce polar nous as envouté et tenu en haleine du début à la fin (au point que nous devions cacher le livre entre nos moments lectures pour être sûr que personne n’irait lire la suite à l’avance…) ; je me suis par moment trouvée le souffle court lors de la lecture à voix haute, avec l’envie de lire plus loin et plus vite…
Mourlevat est un grand conteur et ce livre est un délice. Nous y avons découvert l’univers d’un polar, nous avons fait un peu de grammaire
« mais il y avait une chose parfaitement impossible, c’est que le cochon Gilbert accorde sans faute un participe passé après l’auxiliaire avoir ! »
et nous avons beaucoup ri !
Mais ce livre était plus qu’un simple divertissement bien écrit. De façon surprenante (pour moi en tout cas), nous avons été interpellé sur les rapports entre hommes et animaux ainsi que sur le bien-être animal. Je ne vous en dit pas plus, cela fait partie de l’intrigue, mais le texte de Mourlevat est un texte engagé qui suscite la réflexion et a permis de belles discussions et échanges.
Jean-Claude Mourlevat a été lauréat du Prix Astrid Lindgren en 2021 pour toute son œuvre. Un auteur et un livre à découvrir !
Et vous, quelles lectures jeunesse conseilleriez-vous pour l’été ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !
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