Ruth : un joyau à découvrir (1/5)
On 12 février 2021 by MarieVous pouvez écouter la version audio ici :
Il y a de ces récits qui sont si bien construits que l’on ne s’en rend même pas compte. Tout semble couler de source. La narration nous berce. La complexité et la profondeur nous échappent parfois. Les mots ne sont plus qu’un support nous emmenant vers d’autres horizons.
Après une première lecture agréable, on referme le livre sans s’y attarder, sans considérer davantage ce diamant que nous avons mépris pour une vulgaire pierre. Mais quand par bonheur, nous nous y attardons, le voile se lève alors doucement et nous laisse entrevoir des paysages insoupçonnés. La pierre, transformée en diamant recèle de multiples facettes, telles que l’on s’y perd souvent.
Chaque lecture nous transforme un peu plus. On entre alors dans une communauté vivante de lecteurs qui s’approprient, se réapproprient ces textes.
Le livre de Ruth est un de ces joyaux.
Concis, simple, mais excessivement bien construit. Un chef d’œuvre de la littérature hébraïque en quatre-vingt-cinq versets seulement. Selon Goethe, il s’agit du « plus gracieux petit ensemble … qui nous a été transmis dans un style épique et idyllique. »1
Mais il s’agit de bien plus que cela.
D’apparence modeste, sous le couvert d’une romance, il a le pouvoir de bouleverser nos aprioris, de remettre en question notre compréhension du monde. Si plusieurs commentateurs l’ont ainsi décrit comme une idylle romantique au milieu de tourmentes, dénigrant par là-même le caractère subversif de ce texte, cette vision a par la suite été décriée par de nombreuses féministes.2
A suivre…
- Cité par: Irmtraud Fischer, “Ruth: une généalogie féminine,” (accessed 6 December, 2018). Hermann Gunkel, spécialiste de l’Ancien Testament, écrit en 1913 que «C’est le genre de récit que les gens écoutent volontiers: le soleil après la pluie ! »
- Laura E. Donaldson, “The Sign of Orpah: Reading Ruth through Native Eyes,” in Ruth and Esther: a Feminist Companion to the Bible, ed. Athalya Brenner, (Sheffield: Sheffield Academic Press, 1999). 132. « Feminist biblical critics have persuasively challenged this view by exposing its masculinist and heterosexist bias. »
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