Musique et littérature jeunesse
On 10 novembre 2022 by MarieCette semaine, je vous invite à une pause musicale à l’écoute de la manière dont la musique prend vie dans quelques albums et romans jeunesse. Il y sera question des bienfaits de la musique, mais de bien d’autres choses encore. Ces ouvrages parlent ainsi d’inclusion, de talents cachés, de mystères, d’imagination, du pouvoir apaisant et rassembleur de la musique tout en nous procurant par moments de bons petits fous rires.
Bonne découverte et n’hésitez pas à partager d’autres livres que vous avez aimé sur ce thème !
Pas de violon pour les sorcières de Catherine Fogel et Joëlle Jolivert, Seuil Jeunesse, 1995
Dans un récit qui rappelle Boucle d’or et les trois ours, trois sorcières entrent dans une chaumière et s’emparent de trois violons qu’elles saccagent. A leur retour, petit ours, maman ours et papa ours déplorent la perte de leurs violon, violoncelle et contrebasse. Chacun de leur côté s’activent pour chasser les sorcières et réparer leurs instruments. La musique qui sortira de leurs instruments aura le pouvoir de chasser loin de là ces sorcières intruses.
« Qui est venu ?
Qui les as vues ?
Qui les connaît ?
Bouche tordue et nez pointu,
Les sorcières sont entrées sans frapper… »
Les dessins des habits et de l’intérieur de la maison rappèlent un univers slave folklorique. La mise en page et la typographie dans tous les sens donnent mouvement et dynamisme à ce récit. Un petit régal de poésie, de rythme et de surréalisme.
Pokko et le Tambour de Matthew Forsythe, Little Urban, 2020
« Offrir un tambour à Pokki était une grave erreur. Des erreurs, les parents de Pokko en avaient déjà commises par le passé. »
Ainsi commence cette petite perle d’album…
Pokko est une petite grenouille à qui ses parents ont offert un tambour. Grave erreur… Les parents ne s’entendent plus. Finalement, son papa l’envoie jouer silencieusement (!) dans la forêt. Mais la forêt est trop calme au goût de Pokko qui commence à tapoter son tambour, bientôt accompagné par d’autres musiciens en herbe…
Une petite histoire pour raconter les accords et désaccords au sein d’une famille ainsi que les talents de chacun, le tout avec humour, notamment dans le jeu entre le texte et les illustrations. C’est un album grand format avec de belles et larges illustrations. Les personnages sont parfois mis nettement en avant-plan, sur un arrière-plan flou, ce qui donne une vivacité et une profondeur au dessin. Un livre drôle et tendre à découvrir.
Le piano des bois de Kazuo Iwamura, école des loisirs, 1990
Pour les plus petits, cet album aux douces couleurs orangées de Kazuo Iwamura est une ode à l’imagination et à la manière dont la musique peut rassembler. Sur une vieille souche d’arbre coupée comme un piano, Yuki joue pour ses amis de la forêt. Un à un ceux-ci se rapprochent pour écouter Yuki jouer « Au clair de la lune ».
Et puis tout d’un coup, à la surprise de Yuki ils s’en vont… pour revenir et former un orchestre. Tous joyeux, les musiciens en herbe ainsi réunis offrent au lecteur un magnifique concert.
Quand Florica prend son violon de Gerda Muller, Archimède Ecole des Loisirs, 2001
Un album de Gerda Muller qui, une fois encore, concilie une belle histoire et des détails foisonnants qui permettent au lecteur de découvrir un nouvel univers.
C’est l’histoire de Florica qui un jour doit fuir son pays en guerre, quitter sa maison en feu. Elle est partie avec ses parents et son plus précieux trésor : son violon dans son étui.
Elle arrive en France, pays dont elle ne connaît pas la langue. A l’école, les enfants se moquent d’elle, sauf Antoine qui l’accompagne un jour à l’école de musique où Florica suit des cours de violon. Une amitié se crée.
Un jour, alors qu’un orage effraye les plus jeunes enfants de l’école et que l’institutrice est partie chercher des bougies, Florica sort son violon et commence à jouer…
Cet album est une évocation du pouvoir apaisant et rassembleur de la musique tout en étant un bel ouvrage pour faire découvrir cet instrument de manière détaillée. De plus, les illustrations de Gerda Muller sont comme toujours très précises et douces.
Sophie la vache musicienne de Geoffrey de Pennart, Ecole des loisirs, 1999.
Sophie la vache aime chanter et souhaite participer au concours national. Elle part à la capitale et tente d’intégrer un orchestre.
En vain… Elle visite de nombreux orchestres mais c’est à chaque fois un échec.
- Elle n’est pas carnivore (face aux lions),
- elle ne fait pas le poids (dans le groupe des hippopotames et éléphants),
- elle n’est pas à la hauteur (face aux girafes),
- ses cornes ne sont pas assez développées,
- elle est trop brune,
- pas assez distinguée…
Furieuse et désespérée, Sophie décide alors de créer elle-même avec Douglas – qu’elle rencontre dans un café – un orchestre avec comme seul critère le talent.
Cet album met en avant avec humour et simplicité des valeurs telles que l’accueil de l’autre et l’inclusion au-delà des apparences.
Choeur de grenouilles de Luc Foccroulle et Annick Mason, Mijade, 2012
Choeur de grenouilles, c’est l’histoire de Berta et de son amie Lucie qui doivent intégrer la chorale dont toutes les grenouilles rêvent. Le grand jour est arrivé… Lucie est une chanteuse exceptionnelle, mais toute fluette, trop petite selon le chef d’orchestre pour même essayer. Berta, elle, chante faux, mais aime cuisiner. Les deux amies sont déçues de leur échec et vont tenter par divers stratagèmes de faire partie de la chorale… avec plus ou moins de succès.
Cet album met en avant les attentes, rêves et talents de chacun et chacune et est une ode à l’acceptation de ses propres capacités mais aussi de celles des autres. Une belle histoire d’amitié sur fond musical. En, effet Choeur de grenouilles est à lire sur l’air de « J’ai de bonnes limaces dans ma limacière » dont la partition emplie de grenouilles est donnée en introduction et en conclusion de cet album.
Le ciel nous appartient de Katherine Rundell, Folio Junior, 2016 (2013)
Katherine Rundell est une auteure jeunesse que j’apprécie particulièrement (J’en parle déjà dans Escapades littéraires et dans Au secours, mon enfant ne lit que des BDs/mangas). Et ce roman, qui a reçu le Prix Sorcières 2015, ne m’a pas déçue.
Le ciel nous appartient raconte l’histoire de Sophie rescapée d’un naufrage quand elle était bébé et retrouvée au milieu de la Manche, flottant dans un étui à violoncelle. Charles Maxim, un érudit, passager du même bateau la recueille et devient son tuteur. Un peu farfelu, il a ses propres préceptes éducatifs qui ne conviennent pas toujours aux services d’Aide à l’enfance de Londres du fin 19ème siècle, début 20ème siècle. L’inspection décide que cette éducation n’est pas adaptée à une jeune fille de presque 12 ans et souhaite la transférer dans un orphelinat. Furieuse à l’idée d’aller dans un orphelinat, Sophie fracasse l’étui à violoncelle et y découvre une adresse à Paris…
Charles et Sophie décident alors de fuir à Paris à la recherche de sa mère. Sophie est en effet persuadée contre toute évidence que celle-ci est toujours vivante et que la clé est dans cet étui de violoncelle. Une aventure palpitante, pleine de tendresse, de risque et de fantaisie qui mènera Sophie – et le lecteur – sur les toits de la ville à la recherche d’une musique perdue. Vous ne verrez plus jamais Paris de la même façon ! Je ne vous en dis pas plus, mais je vous le recommande vivement.
Laisser un commentaire