La mer : quelques livres jeunesse
On 14 octobre 2021 by MarieLa mer : une inconnue qui nous fascine.
Regarder la mer, s’émerveiller encore et encore devant ces vagues qui viennent et repartent, s’échouant à nos pieds sur la plage de sable fin ou encore se fracassant sur les rochers.
Cette mer derrière laquelle le soleil semble disparaître au loin.
Cette mer qui nous fait également peur, qui peut nous engloutir dans ses profondeurs. Quand elle se déchaine au creux de tempêtes violentes, elle a le pouvoir de faire chavirer nos rêves, nos vies, nos existences.
Cette mer qui intrigue, qui fascine, qui invite à aller plus loin, à repousser les limites de notre monde.
Cette mer qui invite au voyage.
Cette mer qui agit comme frontière entre les peuples.
La mer … fascinante et terrifiante.
Ces derniers mois, j’ai lu plusieurs livres jeunesse où la mer joue un rôle. Différentes symboliques et univers sont représentés dans chacun de ces ouvrages. J’en ai sélectionné quelques-uns pour les plus petits et les plus grands que je vous invite à découvrir.
Lola sur le rivage, de Teresa Arroyo Corcobado, 2019
« La mer chahute, chuchote.
Alors à mon tour,
je lui raconte mes secrets. »
Teresa Arroyo Corcobado, Lola sur le rivage
Un album haut en couleur, Lola sur le rivage de Teresa Arroyo Corcobado raconte l’histoire simple, mais non banale du déménagement d’une petite fille. Lola se sent déracinée de son ancienne vie alors qu’elle quitte la ville pour emménager dans un petit village côtier, loin de tout ce qu’elle connait.
Le récit met en évidence les craintes, la peur de l’inconnu, les difficultés à s’adapter suivi de la découverte progressive de ce nouvel univers, rempli de trésors inattendus.
Les illustrations aux couleurs vives et aux formes géométriques enrichissent admirablement le texte et invitent le lecteur à se poser, à s’émerveiller devant cette nature, et en particulier devant la mer.
Si son nouvel environnement et son école lui sont de prime abord antipathiques, c’est la découverte de la mer qui l’entoure ainsi que des habitants qui en vivent qui vont progressivement redonner le sourire à Lola.
Remplissant de nombreuses doubles-pages, les magnifiques paysages illustrés inspirés des mers nordiques nous immergent dans le nouveau monde de Lola.
Un album poétique, aux dessins et aux couleurs qui font rêver et voyager pour parler avec douceur et sensibilité de l’expérience du déracinement et de la solitude.
Si cet album est conseillé à partir de 5 ans, les images attireront le regard des plus jeunes enfants et amorceront un beau dialogue.
A découvrir chez Versant Sud Jeunesse
Mon ami Jim de Kithy Crowther, 1996
J’apprécie beaucoup le travail de Kitty Crowther, une auteure/illustratrice née en Belgique d’une mère suédoise et d’un père anglais. Je suis souvent agréablement surprise par l’originalité de ses histoires et de ses dessins, du côté rafraîchissant et varié de son œuvre.
Mon ami Jim est un album de 1996 qui raconte la rencontre et la relation qui se développe entre Jack, le merle qui vit dans la forêt et Jim, la mouette, l’oiseau de la mer. Ils sont différents l’un de l’autre mais ils se découvrent mutuellement quand Jim invite Jack chez lui. Jack se sent bien en compagnie de Jim, mais il n’est pas bien accueilli dans le village où les autres mouettes le perçoivent uniquement comme étranger. Petit à petit, leur amitié et la découverte du pouvoir des livres apportera du changement dans la communauté. Une belle histoire d’amitié et d’accueil de la différence racontée avec brio et illustrée avec tendresse.
Le phare aux oiseaux de Michael Morpurgo, illustré par Benji Davies, 2020
Une autre histoire d’amitié avec la mer et la nature en filigrane, Le phare aux oiseaux est un beau livre avec une mise en page soignée et agréable à lire. Le texte en grands caractères répond élégamment aux superbes illustrations de Benji Davies, dont les dessins rappellent ses autres albums, notamment L’enfant et la baleine.
Racontée à la première personne par le narrateur Allen, l’histoire commence par le naufrage du Pélican. Dans ce bateau, se trouve le narrateur, alors âgé de 5 ans, et sa mère. Alors que les 30 passagers se considèrent comme perdus, Ben Postlewaithe, le gardien taciturne du phare, fait des allers-retours à la barque pour sauver tous les passagers au risque de sa propre vie. Il parle à peine mais il offre à Allen une de ses nombreuses peintures représentant un bateau similaire à celui qui vient de couler. Cette peinture sera un des trésors qu’Allen gardera précieusement au cours de son enfance. Dès qu’il le peut, à la fin de sa scolarité, il embarque dans un voyage pour retrouver Ben à qui il a écrit, mais qui n’a jamais répondu.
Je vous laisse découvrir cette histoire d’amitié atypique et cette incroyable aventure où la mer, les macareux et la nature toute entière semblent se rejoindre autour d’Allen et Ben dans le phare solitaire de ce dernier. Un récit bien raconté et rafraichissant.
Publié à l’occasion des 80 ans de la maison d’édition ‘Puffin’, Le phare aux oiseaux est un très beau livre à offrir en cadeau à de jeunes lecteurs.
Les voyages extraordinaires d’Omar, de Michael Morpurgo, ill par Michael Foreman, 2020
J’ai voulu lire un autre livre de Morpurgo et j’ai été prise par son roman Les voyages extraordinaires d’Omar, publié en 2020. C’est l’histoire d’Omar, jeune afghan de 11 ans, forcé de fuir son pays vers l’Angleterre. Quand son bateau est pris dans une tempête, il sait qu’il n’y a plus d’espoir. Il ne reverra pas sa mère à Mevagissey où ils se sont donnés rendez-vous. Pourtant, il se réveille allongé sur une plage et ne peut plus bouger. De minuscules personnes l’examinent et l’accueillent parmi eux, le nommant Gulliver ou fils de Gulliver…
A la suite d’Omar, nous basculons subitement dans un autre univers, sur Lilliput, quelques 300 ans après la venue de Gulliver, le héros de Jonathan Swift. Pendant 4 ans, Omar vivra parmi les Lilliputiens jusqu’à ce qu’il décide lui aussi de reprendre la mer pour partir à la recherche de sa mère.
Une histoire qui commence comme tant d’autres récits de guerre, d’exil et de migrants et qui prend une tournure imprévisible et fantastique. Le récit raconté à plusieurs voix est vivant et prenant. On ne s’en lasse pas. Une belle manière aussi de découvrir l’oeuvre de Swift au travers de ce roman via cet hommage actualisé. Il pose ainsi de nombreuses questions quant à l’accueil de l’autre mais aussi à l’importance de la paix et la futilité des guerres. Un livre agréable qui fait réfléchir.
Rêves amers, de Maryse Condé, 2001
J’ai été émue et bouleversée par ce récit court mais prenant de Maryse Condé. Rêves amers raconte l’histoire de Rose-Aimée, 13 ans, obligée de quitter sa famille pauvre dans son village à Haïti pour aller travailler comme domestique à Port-au-Prince.
Le coeur lourd, elle quitte sa famille, son village, son enfance. Sa patronne la méprise, la maltraite. Elle sera poussée à fuir, à espérer une vie meilleure. Dû au désespoir et avec l’aide de son amie Lisa, Rose-Aimée tente la traversée vers les Etats-Unis, espérant trouver un travail et de quoi subsister et aider sa famille.
Je ne vous en dis pas plus, mais ce récit vaut le détour, tant par son contenu que par sa qualité littéraire. Je vous laisse un extrait pour finir ce petit tour d’horizon :
« Rose-Aimée se tut. Elle n’avait jamais voyagé sur la mer et malgré elle, malgré l’angoisse de l’instant, cette grande présence odorante, le dessin lumineux des étoiles au-dessus de sa tête et le concert de voix du vent et des vagues l’enchantaient. Qui a fait le monde ? On dit que c’est Dieu. Alors, pourquoi n’a-t-il pas donné à toutes les créatures les moyens d’en savourer la beauté ? […] Son pays était un des plus beaux du monde. Les touristes arrivaient des lieux les plus éloignés pour se baigner dans ses criques, se dorer sous les baisers de son soleil et goûter à sa cuisine, et elle, elle devait le quitter ! »
Maryse Condé, Rêves Amers, pp.73-74.
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